
Léa fait ses devoirs, c’est dimanche, je pourrai dire « c’est exceptionnel », pour la blague, alors que c’est comme tous les jours. Chaque soir, elle en fait un peu, normal, même l’autre fois elle a fini très tard, un devoir de math, sans doute commencé trop tard, comme on l’a tous fait, avec une sorte de bonheur suintant le cancre, la main dans les cheveux, où se mêle l’ennui, l’inquiétude et la fatigue de ce qu’il reste à faire, dans un même jus.
Là c’est différent, c’est dimanche. En chemise de nuit, avec un gilet pour faire plus chaud mais pieds nus, elle gratte des signes de math, le cahier sur le genou droit, la feuille de référence dans la main gauche, elle sait qu’après on fait des biscuits…puis c’est le moment de la biographie d’un auteur, Blaise Cendrars, donc elle vient. Le moment des recherches, c’est super, en principe on peut aller sur internet donc c’est plus du tout de l’école chiante, c’est cool, on clic. Bon mais moi vieux papier, je lui donne trois titres, deux fois le même, qui traîne dans la biblio en bois, au nom de l’auteur, que je n’ai jamais lu plus loin que le début, place de la bio justement, sur une page et demi : Emmène-moi au bout du monde, Bourlinguer, Bourlinguer…
Comme je vois qu’en lâchant les maths pour la littérature, du cahier vers l’écran, elle vient aussi se détendre, je lui fais un peu le marrant, je fais le bibliothécaire-libraire britannique, avec mon accent de merde, et commence à lui vanter, dans ce mauvais rôle, les mérites du livre et de l’auteur et aussi du complément que le dictionary propose.
I tell her that the dictionary call Petit Robert, Peuty Wobertt, as Little Wubertt, like Little Bob, if you wan’t… et je m’aperçois que la référence en matière de dictionnaire français est a peu de chose près l’équivalent de notre référence dans la catégorie chanteur populaire anglais de France.
Un peu marqué c’est vrai par un échange avec un collègue sur l’exposition Jeremy Deller - dont je ne parviens pas à être fan - qui disait que la partie Golf Drouot n’était pas le meilleur choix folk français, et que la Little Bob Story et plus généralement le Havre, se prêterait davantage à ce genre d’archéologie. C’est vrai que cette fabrication populaire Yéyé, à laquelle je ne connais rien si ce n’est les mèches blondes qui couvrent encore les rides de ces chanteurs increvables, vu du Golf Drouot (une voiture aux enchères) m’a l’air bien niaise à côté de ce que la densité populaire anglaise a permis de rassembler dans cette exposition.
Sans doute c’est moins l’objet populaire d’une recherche que la pratique d’une recherche sur un cas populaire qui a séduit Jeremy Deller dans ce thé dansant pour bien coiffés.
C’est pas trop ça qui m’intéresse de toute façon.

Je ne sais pas pourquoi je suis "Little Bobisé", depuis quelques années. Le Havre n’y est pour rien, disons volontairement, si une ville pouvait avoir une volonté, elle y est pour quelque chose c’est sûr, par perfusion durable, mais moins sûrement que ce vieux magazine rock trouvé dans de vieux cartons de je ne sais plus qui, dans lequel, entre autres, Little Bob offrait déjà sa superbe gueule de l’époque. J’ai scanné cette chose, l’ai posée, par exemple, en fond d’écran. Son côté sérigraphie gros point donnait à mon ordinateur un peu de cachet et j’aimais bien cette tête grimace hilare.
Le mieux c’est que Bob est passé à la maison en 2006, en mon absence évidemment, pour bosser sur son DVD avec Olivier mon colocataire. Pour le mettre en confiance, et profiter de l’occasion unique, Olivier lui a allumé mon ordino pour lui montrer le travail : Bob en n’est pas revenu, il m’a laissé un bat de petit mot, genre dédicace/autographe que je ne retrouve pas facilement mais il doit être bien rangé.
En tout cas aujourd’hui, c’est presque l’anniversaire de Little Bob parce que je viens de comprendre que d’une certaine manière Little Bob a la biographie la plus massive et la plus dense de toutes les célébrités, la plus ambitieuse aussi, deux tomes de tous les mots et de tous les personnages que la France veut bien reconnaître comme siens. Que ces volumes de la biographie de Bob sont renouvelés tous les ans et consultés par une proportion non négligeable de la population assez régulièrement : c’est un ouvrage de référence.
Sacré Bobby The little…
4 commentaires:
Et qu'est qui c'est passé pour les biscuits ?
C'est marrant, car quand j'était au collège, je me rappelle avoir moi aussi consulté le Little Bob rouge pour ce même Blaise Cendrars et son L'or…
Wikipédia m'aurait bien aidé à l'époque.
Les biscuits, tu m'étonnes, on les a apporté à un goûter chez des potes, le petit Elliott (3 ans - le fils de François cinéma, tu vois ?) s'est jeté sur la tête de pirate... super content, le problème c'est lorsqu'il a fallu qu'il le mange : ce genre de gâteau c'est un voyage dans le temps, c'est de la farine, des oeufs, du sucre et de l'huile, c'est sec, fade, sans aucun artifice, le gamin il s'est fait une remontée au moyen âge assez frustrante, "je veux PAS ça moi" qu'il a dit méchamment à son père en lui tendant le biscuit... mais il était bien embêté parce que ce biscuit il l'aimait, enfin sa forme il ne voulait pas la lâcher et un pirate ça mange de tout, enfin il ne s'en sortait pas.
Pour finir, au moment de partir, on avait oublié, nos tupperwares et un peu de leur contenu restant : Elliott a couru très très vite pour nous rattraper et nous tendre nos affaires...
Le Little Bob devrait être offert aux écoliers du Havre, surtout le rouge. C'est à eux, c'est leur culture, ils le méritent.
Wikipédia, c'est quoi comme musique ?
Comment ça, les sablés, c'est sec ?! C'est parce que tu les fais trop cuire. 10 minutes au four suffisent largement et ils finissent de durcir (juste ce qu'il faut, ils restent moelleux à l'intérieur) en refroidissant.
Pour lutter contre la fadeur, je te conseille de faire un glaçage, y a rien de tel !
Bien chère Elisabeth, qui te parle de sablés ? le sablé c'est sans doute bien la même chose, seulement Léa a appris avec une maman de l'école, et à Paris "beurre" se traduit souvent par "huile", donc tout de suite c'est moins sablé, moins craquant... en plus, pendant l'atelier cuisine de l'école, Léa a essayé de faire une boule et de la cuire, mais la maman est intervenu pour gronder au nom du principe du biscuit.
Donc à la maison, forcément on a essayé de contredire le principe du matin, on a pas fait de boule mais au lieu de se fixer en deçà du centimètre d'épaisseur on est plutôt resté au dessus...
On pensait vraiment que ce qui ne serait pas craquant serait fondant, on avait bon espoir, en fait le cœur de ces choses n'est pas de beurre, juste mou.
Le principe du biscuit alors, si j'ai bien compris, c'est que ça n'est bon que croquant, dans le biscuit il n'y a pas de goût sans la consistance juste.
Le glaçage c'est quand tu mets une tonne de Nutella pour t'étouffer avec plus de plaisir ?
La prochaine fois, on fera fin, court en cuisson et alors un glaçage...
Merci
Enregistrer un commentaire